lundi 3 décembre 2012

Domenech a fait des émules ... Aïe!

A l'occasion d'une série de conférence à la fac de STAPS de Nantes, Bruno Bini est venu présenter sa façon de «communiquer autrement» à travers son aventure avec l'équipe de France Féminine de Football. Rencontre avec un homme qui aime faire les choses différemment... Bruno Bini a débuté et terminé sa conférence de la même manière : par une chanson !
 (Photo Marianne Buron © Atlantique Football Club) 

Son entrée en la matière fait tout de suite réagir l'assistance... en musique ! "La chanson du coach"... Dans l'amphithéâtre, rempli pour la plupart par des étudiants, un grésillement de réactions se fait entendre. Bruno Bini chante. Il sait qu'il surprend et c'est volontaire. Après avoir salué son public, l'entraîneur s'explique : « Je sais ! Ce n'est pas ordinaire un coach de l'équipe de France qui chante. Sachez que cette chanson est en règle générale le premier acte important que je fais dans ma causerie d'avant match. Et je la chante toujours comme je l'ai chanté, c'est à dire dos aux joueuses, de façon à ne pas les gêner. Elles font ce qu'elles veulent, elles chantent ou elles ne chantent pas ». Dans les paroles de cette chanson ressort l'essentiel du fonctionnement de l'entraîneur, « Qui a bien vivre ensemble vous invite – Qui a bien jouer ensemble vous invite ». C'est là que réside la méthode Bruno Bini. « Bien vivre ensemble pour ensemble bien jouer, voilà ma façon de travailler», assure ce sélectionneur national pas ordinaire. Et c'est ce qu'il va s'évertuer à démontrer pendant deux heures. Pour lui, même si la technique est forcément importante, elle ne constitue qu'une partie de la réussite d'une équipe. L'essentiel consiste à créer un projet de vie. « Je me suis attaché à faire les choses dans l'ordre, c'est à dire qu'avant de parler du jeu on a parlé de la vie. Le projet de vie a été plus important que le projet de jeu ». Dans les mots clés affichés au tableau un est écrit en plus gros : le RÊVE. Une idée qui se reflète dans tous les regards de l'assemblée passionnée par le discours de l'entraîneur des Bleues. « Il me semble que je suis un petit vendeur de rêve, assure-t-il avec sourire. Je me dis que tant que j'arriverai à vendre du rêve à mes joueuses, mes joueuses arriveront à vendre du rêve aux spectateurs, mes joueuses arriveront à vendre du rêve aux fans, aux téléspectateurs. Et jusqu'à preuve du contraire, le rêve c'est à peu près la seule chose qui reste et qui n'est pas taxé ». Au fil de la conférence, Bruno Bini glisse des anecdotes qui plongent son public au cœur de l'équipe de France, comme un invité de quelques minutes à Clairefontaine. Des anecdotes qui ramènent toujours à l'idée que l'essentiel, pour cet entraîneur peu ordinaire, se trouve en dehors du terrain. Il évoque la fois où il a emmené ses joueuses visiter une mine dans le Nord avant un match amical face à la Pologne. Il met son public en situation et explique le but de cette visite : « J'ai demandé au guide de faire fonctionner le marteau piqueur, il y avait de la poussière, du bruit, ... Et là j'ai dis à mes joueuses : Vous savez demain vous aurez certainement des mineurs à Lens, des enfants de mineurs... Ces mineurs après leur travail, ils venaient à Bollaert et pendant une heure et demi ils encourageaient leur équipe sans relâche. Alors vous aurez tous les droits. Tous, sauf celui de ne pas mouiller le maillot et de ne pas sourire ». La France s'est imposé 2-0... 

« Entraîner c'est faire des paris » Il évoque encore les petits "plus" de la vie des Bleues en rassemblement, comme le tableau où se trouve la météo de la veille. Chacun est libre d'y inscrire ce qu'il veut. Le plus souvent ce tableau reste vide, sauf lors d’évènements marquants. « Parfois les joueuses s'amusent à me chambrer et elles mettent des soleils parce que je les ai aidé à porter les valises, raconte-t-il.

Mais je retiens surtout la fois où moi je ne pouvais mettre qu'un grand soleil (après la victoire face à l'Angleterre et la qualification pour les Jeux Olympiques) et qu'elles, n'ont rien écrit mais ont rajouté plein d'autres petits soleils... » A ces mots l’émotion se fait ressentir. Bruno Bini est un passionné et l'amour qu'il porte à ses joueuses et à son équipe rayonne autour de lui. Une nouvelle fois, l'entraîneur mène sa conférence en chanson. S'affiche au tableau les paroles d'une chanson de Jean Ferrat, "C'est toujours la première fois". « C'était le premier match diffusé sur direct 8 en direct, explique le sélectionneur. Il y avait 12 000 à 13 000 spectateurs d'annoncés mais je sentais que les filles commençaient à lâcher prise car on est déjà qualifié. A la causerie je leur ai mis cette chanson ». La chanson débute et l'homme ne peut s'empêcher de chantonner par dessus cette nouvelle mélodie. Une fois terminée, il explique avec humour. « A la fin de la chanson je reprend la main et je dis une grosse connerie. Je leur dis « Les filles vous savez que quand vous aurez mon âge, vous vous souviendrez toujours de vos premières fois » Et là grand sourire des joueuses. Je continue en leur expliquant que l'équipe de France pourrait m'ouvrir cent fois les bras, j'aurais toujours la même rage de gagner, quelque soit le match, comme si c'était la première fois. On gagne 5-0 contre la Serbie... ». Mais le sélectionneur reste humble : « Bon cette fois ça a marché, ne me faites pas dire ce que j'ai pas dis. Mais, vous savez, entraîner c'est faire des paris. Si vous saviez le nombre de paris que j'ai perdus... » Bruno Bini en vient ensuite au projet de jeu. Mais il ne veut pas s'attarder dessus car comme il l'a dit au début de sa conférence. «Tout le monde est capable de faire des exercices sur le terrain, souligne le sélectionneur national. Dans ma fonction, ce qui est le plus difficile c'est la gestion des gens. Il faut trouver comment ces personnes vont réussir à bien vivre ensemble pour bien jouer». Il évoque donc juste brièvement les systèmes de jeu de l'équipe de France en incluant la gardienne (chose que peu d'entraîneur font !). Une fois sa conférence terminée, il propose de regarder un résumé des matches des Jeux Olympiques où les Bleues ont terminé à la frustrante quatrième place. Les images défilent, le public ne peut s'empêcher d'extérioriser sa déception à chaque occasion manquée tant les Bleues ne sont pas passées loin de la finale ou encore de la troisième place. Mais Bruno Bini est un éternel optimiste et une fois les vidéos achevées, des mots apparaissent sur l'écran : « Quand on a tout donné mais que cela n'a pas suffit, pourquoi perdre ne serait-t-il pas noble et respectable ? ». Une conclusion riche de sens pour celui qui aura réussi à hisser le football féminin français dans l'élite internationale. Et, pour finir comme il avait commencé, le sélectionneur invite l'amphithéâtre à se lever et à chanter "La balade des gens heureux". L'assemblé s’exécute ne pouvant refuser d'obéir à l'homme qui affiche un entrain et une bonne humeur à toute épreuve. Une fois la chanson terminée, chantée par tous, Bruno Bini s'exclame en conclusion : «Soyez Heureux ! »... 
Marianne Buron

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